Dans Mars la Rouge, Kim Stanley Robinson raconte le démarrage de l'installation humaine sur Mars, les premières bases. Il décrit le travail de terrassement, de montage des modules habitables, l'excavation de la roche pour créer des salles troglodytes, etc. Il décrit aussi la construction "hyper hi-tech" des dômes (ou tentes) pressurisés à base d'un matériau nouveau que l'on est aujourd'hui loin de savoir faire. Plus loin dans la trilogie, de nouveaux matériaux innovants font leur apparition, toujours plus futuristes.
Finalement, une bonne partie des techniques et matériaux nécessaires à l'installation humaine sur Mars sont de la haute technologie ("hi-tech"), c'est à dire le résultat de recherches scientifiques pointues, coûteuses et le plus souvent polluantes.
Je veux ici réfléchir sur une question qui me semble essentielle et passionnante :
l'usage de low-tech dans la conquête spatiale.
A l'heure où la crise écologique est mondialement reconnue et force industries et économies à revoir leur éthique, la conquête spatiale est forcément aussi remise en question. Et je pense que compléter la haute technologie par la basse technologie (voire même la "non-technologie") permettrait de limiter l'empreinte environnementale, le coût, et la complexité des structures que l'homme bâtira hors de la Terre.
Ainsi, 2 matériaux symbolisent parfaitement cette alternative au hi-tech :
la terre et le bambou.
KSR ainsi imagine que du bambou est cultivé dans Arès, le vaisseau d'aller, puis dès les premières serres sur la surface de Mars. Les bambous, connus pour la vitesse de leur croissance, sont intensivement utilisés pour créer des structures de toutes sortes, des cloisons, du mobilier, etc.
KSR décrit aussi des constructions terre comparables à celles sur Terre : des dômes et voûtes en briques de terre crue, des bases entières abritées sous une couverture de terre (naturellement anti-radiations solaires).
Dans le roman, c'est l'ingénieure russe Nadia qui dirige ces travaux low-tech, et semble même se passionner à l'élaboration d'habitats en bambou, nettement plus chaleureux que des caissons de métal ou de plastique.
Bref, la low-tech est bel et bien représentée dans la trilogie de KSR, et donne envie d'essayer d'appliquer ces concepts à la réalité. Pour le moment, la hi-tech reste dominante, mais il paraît que le constructeur terre Nader Khalili (décédé en 2008) interressait la NASA avec ses "Ecodomes" de terre rapides à construire. Ses réalisations très low-tech pourraient trouver une adaptation sur une première base lunaire...
De même, les maisons bioclimatiques "Earthships" de Michael Reynolds, massivement construites en recyclage et en terre crue, se passent de chauffage pendant les hivers glaciaux du désert de l'Arizona. Pourquoi ne pas penser de manière similaire les habitats martiens ?...
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